En octobre 2018, le gouvernement Macron décrète l’augmentation d’une taxe sur le prix du gasoil. Considérée comme discriminante et injuste, la mesure soulève une vague de protestations dans toute la France. Sur un rond-point, près de Chartres, en Eure-et-Loir, Emmanuel Gras filme alors un groupe d’hommes et de femmes qui, en dehors de toute organisation politique ou associative, manifeste contre le pouvoir. Benoît, Agnès, Allan enfilent un gilet jaune et, pour la première fois, expriment leur colère.
Dans la vie des peuples, il est des saisons magiques. Soudain, des Corinne, des Carine, des Khaled, des Rémi, des Denis, des Cindy, des Marie, d’habitude résignés, longtemps abattus, se redressent, se dressent contre l’éternité d’une fatalité. Ils se lient et se liguent, leurs hontes privées, accumulées, se font colère publique, et à leurs seigneurs, à leurs maîtres, aux pouvoirs, ils opposent leurs corps, leurs barricades, leurs cabanes. Leurs voix, surtout : la parole se libère, déchaînée, pour réclamer une part de bonheur. C’est un éclair, alors, qui déchire la nuit noire de l’histoire. Un éclair, un éclair jaune, fluorescent même, qui ne dure qu’un instant, un instant seulement, mais se grave dans les mémoires. Derrière, le tonnerre fait résonner ce mot : espoir.
Quand la France gronde, la stratégie et le contrôle de l'ordre public deviennent un enjeu politique crucial. Entre protéger les institutions et garantir le droit de manifester, le juste équilibre est subtil. Au début du mouvement des Gilets Jaunes, fin 2018, les principes d'une police « à la française » ont volé en éclats. Le saccage de l'Arc de Triomphe, les centaines de blessés parmi les manifestants et les forces de l'ordre marquent les esprits. Comment en est-on arrivé là ? Pour comprendre, le film interroge la force dite « légitime » et les confronte aux images de ces affrontements.
Que retiendra-t-on des Gilets Jaunes dans quelques décennies ? Si l’on laisse le pouvoir politico médiatique décider, les gilets jaunes resteront dans l’histoire comme un mouvement de sauvages ayant tout détruit pour pouvoir rouler moins cher. Un épiphénomène, certes spectaculaire, mais qui ne laissera aucune trace dans la société. Sauf que nous savons que la réalité est tout autre. Et puisqu’il est encore temps de le rappeler, ce film donne la parole à quelques-uns des dizaines de milliers de magnifiques sauvages qui ont vécu, de l’intérieur ou comme observateurs, cette bataille pour un monde meilleur, plus humain, plus juste, réellement démocratique.
Face à l'urgence climatique, une frange importante de la jeunesse a fait le choix de la désobéissance civile et de l'action. Le passionnant récit, en immersion, d'une mobilisation sans précédent.
Des premiers blocages à Rennes fin 2018 jusqu’aux débats des « Assemblées des assemblées » de Saint-Nazaire en avril 2019, le film nous plonge, au fil des mois, dans les diverses actions et les débats qui ont traversé le mouvement inédit des gilets jaunes. Ils y expriment leur colère face à une vie de misère, leur fierté de s’être rendu visible avec leur gilet et d’avoir osé, souvent pour la première fois, redresser la tête. Des manifestations festives de Morlaix aux violences policières sur les Champs Élysées, des occupations de ronds-points à la « réquisition » d’un hangar transformé en « maison du peuple », ce documentaire montre aussi comment les consciences évoluent à travers la lutte, la confrontation avec le pouvoir et le débat permanent jusqu’à l’organisation des "Assemblées des assemblées".
Graines de ronds-points raconte les trois " camps " qu’ont connus les gilets jaunes de Vienne, en Isère, entre novembre 2018 et juin 2019. Il croise cette chronologie avec les grandes questions que (se) pose cet OVNI politique. Importance de la croissance du pouvoir d’achat pour les citoyens mais aussi pour la relance économique. Exigence de plus d’égalités, notamment de plus de justice fiscale. Quels contrôles de l’activité des élus, une fois ceux-ci élus ? Quel fonctionnement démocratique ? Voire quelles organisations politiques ne confisquant pas le pouvoir des mains des citoyens ? Quels rapports entretenir avec les associations citoyennes, les syndicats et les partis politiques ? Autre préoccupation très présente sur les ronds-points Viennois : lier " lutte pour la fin du mois et lutte contre la fin du Monde ".
À Saint-Nazaire, ville de l’économie à flux tendu, des gens aux trajectoires hétéroclites ont endossé un gilet jaune fluo, devenu symbole d’une révolte inattendue, à l’hiver 2018. Cinq mois durant, ils ont habité les locaux d’une sous-préfecture désaffectée, où ils ont découvert la puissance du collectif, ses impasses parfois, et la joie de la fraternité retrouvée, au cœur d’un mouvement guidé par la colère.